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Photographies : Dana Tirelli et Nella Stücker

 

La Placette n° 197 : Anaïs Wenger – Tragédie Moyenne

Vernissage : Vendredi 6 mai 18h00-21h00

On est au commencement de mai. Les cerisiers ont déjà fleuris mais il fait encore froid. Une transparence sans transition : on voit mais on ne peut toucher. Vitrine, écran, scène, diorama, nature morte. L’action se passe dans une pièce dont l’un des murs a été enlevé. – Oui mais quel mur ? Par souci de vraisemblance ou de distanciation, la suspension consentie de l’incrédulité doit être maintenue. On entend des pas. Sur la porte, à droite, apparaît F. Il est vêtu comme à l’ordinaire, veston et gilet blanc ; aux pieds, des pantoufles. Air malade. Il va à la porte, touche la poignée. – Fermée ! Partis… (Il s’assied sur le canapé.) On m’a oublié… Ça ne fait rien… Je vais m’asseoir ici… (Il marmonne quelque chose d’incompréhensible.) La vie a passé comme si je n’avais pas vécu. (Il s’étend.) Je vais m’étendre un peu. Tu n’as plus la moindre force, rien ne te reste, rien… Ah ! empoté ! Il reste étendu sans mouvement. On entend le bruit lointain, comme tombant du ciel, mourant, lugubre, d’une corde qui se casse. Puis le silence s’établit. On n’entend plus au loin dans la cerisaie qu’une hache frappant un arbre.
RIDEAU
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Alors qu’un corps repose à l’intérieur, l’action est déplacée derrière le rideau, ou quelque part entre la fenêtre et l’horizon. Prenant pour ancrage le contexte spécifique de La Placette et son point de vue sur la rue, la proposition d’Anaïs Wenger envisage la vitrine comme une scène qui prolonge le temps et l’espace du dernier acte de La Cerisaie de Tcheckov, en hommage au décor imaginé par Viktor Simov en 1904 pour l’adaptation originale de Stanislavski qui proposait pour la première fois un exemple de manipulation du quatrième mur sans le briser.
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La pratique artistique d’Anaïs Wenger (*1991, Genève) interroge les notions de performance à travers une variété de formes et de situations. Titulaire d’un master obtenu au sein de la HEAD, l’artiste poursuit actuellement une formation en dramaturgie et performance du texte à l’Université de Lausanne. Son travail a été présenté dans différentes institutions, festivals et espaces indépendants en Suisse et à l’étranger, tels que ICA Milano (2021), Istituto Svizzero di Roma (2020), Motrat Pristina (2019), Antigel Festival Genève (2019), Swiss Performance Awards (2018), CAN Neuchâtel (2018), CAC Genève (2018) ou Solsctice Art Center Navan (2017).