JOUER AVEC LE FEU
par Isabelle Tanner et Jean-Claude Schauenberg
Photographies : Paul Fritz
Extinction des feux
Depuis une cinquantaine d’années, le mouvement de la conscience environnementale a largement contribué à réorienter les pratiques artistiques vers la question du contexte de l’œuvre d’art. L’horizon de la réception de l’art s’est éloigné des questions plus formalistes et expressives, pour s’ouvrir d’abord à la question du sens de l’œuvre relativement à son lieu d’exposition, jusqu’à en arriver à réenvisager l’activité artistique comme un rouage de l’élaboration des rythmes sociaux qui l’entourent.
Par ailleurs, mais pendant ce temps, bon nombre d’entre nous ont continué à jouer avec le feu. Si l’intention du mouvement progressiste était celle de nous détourner des grands récits pour nous attacher de plus en plus à la valeur de ce qui est là devant nous, c’est aujourd’hui la fondation de nos biens éphémères elle-même qui est devenue friable. La question qui se pose alors est de savoir ce qu’il reste à dire, à peindre ou à cuire, étant donné qu’après tout, l’on se retrouve à considérer que le contexte de l’œuvre est en fait le même partout. Autrement dit, et c’est la question que l’on vous pose ici et maintenant : est-ce bien du premier degré dont vous voulez avoir peur ?
Stephan Freivogel
La Placette reçoit le soutien de la Ville de Lausanne, de la Fondation Sandoz et du Canton de Vaud.